jeudi 8 août 2013

Le chemin

A l'époque, je travaillais dans une grosse clinique. Ce jour-là, j'étais de garde en suites de couches et dans mon tour, il y avait une femme qui avait accouché de son quatrième enfant. Son second était mort-né, c'était donc son troisième enfant vivant.
J'avais à cœur de m'assurer que ce nouveau passage par la case maternité se passait bien et ne réactivait pas trop de mauvais souvenirs.
Je frappe à la porte de sa chambre et y rentre lorsqu'elle m'y invite. Je rencontre une mère souriante et sereine. Je lui demande comment elle va et elle me répond qu'elle se sent bien, en paix. Elle avait bien compris la portée de ma question et elle m'explique qu'elle ne regrette rien. Elle rajoute que, évidement, elle se serait bien passée de perdre son deuxième enfant, mais que chemin faisant, elle avait, ils avaient, continué à construire leur famille. Qu'elle aimait ses enfants plus que tout, et que sans cette tragédie, ce n'aurait pas été les mêmes enfants, les mêmes écarts d'âge... la même famille. Et que, non, elle ne pouvait pas regrettait les enfants qu'elle avait, sans pourtant oublier ou renier celui absent et qui avait toujours une place dans son cœur.
Ce jour-là, cette femme m'a fait un beau cadeau. Je pense à elle lorsque j'accompagne des couples (familles) endeuillé(e)s et j'espère qu'un jour ils auront trouvé eux aussi, le chemin de la sérénité.

A Valentin, le premier, Jude, le dernier et tous les autres anges que j'ai croisé...

2 commentaires:

  1. C'est un beau texte, et un bel hommage que tu leur rends.

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  2. trés chouette marjeasu, et quelque part, il me fait penser à moi et ce petit bébé perdu entre la grande et la petite, mais jamais oublié.

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