jeudi 25 avril 2013

Elle et La demoiselle

Elle avait déjà deux enfants. Beaux comme tout (évidemment) malicieux et en pleine forme. Comme les jours s'écoulaient un peu trop paisiblement à son goût, elle a eu envie d'un petit dernier. Et ce que femme veut.... Elle a su convaincre son mari.
Après une grossesse et une naissance sans histoires, la famille a accueilli une jolie ( toujours aussi évident :)) demoiselle.
Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais Elle a senti que quelque chose n'allait pas. A deux mois, La demoiselle n'avait pas l'air de faire des bourrelets comme les aînés... et quelque chose dans son comportement la mettait en alerte...
Direction le médecin de famille qui détecta un souffle au coeur et orienta vers un pédiatre. Là, ça se gâte : ce n'est pas que se soit la France profonde, mais ce n'est pas loin d'être le désert médical. Quinze jours d'attente pour le pédiatre... Elle sait que c'est trop long, Elle sent bien que ça ne va pas.
Direction les urgences pédiatriques : pas de cardiologue, repassez dans quinze jours. De toutes façons, elle n'est qu'une pauvre mère inquiète et si La demoiselle ne grossit pas, c'est la faute de l'allaitement. Mais Elle, elle sait, elle sent. Alors Elle cherche. Elle remue ciel et terre et fini par trouver, dans le département voisin, un cardiopédiatre qui accepte d'examiner La demoiselle deux heures après le coup de fil.
Et là, le couperet tombe : La demoiselle a une malformation qu'il va falloir opérer. Le médecin se veut rassurant : c'est une opération maîtrisée, La demoiselle n'aura pas de séquelles. Pour Elle, le monde s'écroule. Elle ne se souvient même plus comment elle a réussi à reprendre la route pour rentrer à la maison.
Pour pouvoir être opérée, il faut que La demoiselle grossisse. Pour pouvoir grossir, il faudrait que La demoiselle soit opérée. Pendant plusieurs mois, Elle et la demoiselle vont se battre pour grappiller gramme après gramme ; mais les médecins en attendent toujours plus.
Finalement, comme La demoiselle se fatigue de plus en plus, une date est arrêtée. La première opération est un échec et une nuit d'angoisse plus tard la seconde intervention va métamorphoser La demoiselle.

Plus d'un an a passé.
La demoiselle s'est remise, a comblé son retard et goûte à la vie avec une joie, un entrain et une force de caractère peu commune.
Elle, elle y pense tous les jours, heureuse de retrouver des jours paisibles à la saveur inégalée du calme après la tempête ; de se savoir forte, instinctive. Triste aussi, de toutes les souffrances endurées, souffrance croisées de ceux qui n'ont pas la chance du "happy end". Et pas complètement rassurée : tant que la surveillance n'est pas terminée, Elle reste en alerte.